Comme il est désormais de coutume à l’Unité d’enseignement de la Boologie, le 5e anniversaire de décès de l’inventeur de cette science à l’Université d’Abomey-Calavi a été célébré avec faste. C’était le samedi 20 mars 2021 en présence de sa famille biologique et scientifique avec les têtes couronnées.

Gilles G. Gnimadi

Allocutions, communications, témoignages, chants et danses…. Ce sont les moments forts de la célébration du 5e anniversaire de décès du professeur Jean-Marie Apovo. Moment de joie, de reconnaissance et d’engagement de la poursuite du chemin tracé par ce professeur hors classe, cette célébration a été rehaussée par la présence de l’ancien préfet Déguenon qui manifestement a témoigné de la bravoure du regretté professeur Apovo, de la nécessité et de l’importance de la Boologie dans la société africaine notamment béninoise.

Le premier responsable du Syndicat national des médecins intellectuels, traditionnels et assimilés du Bénin, sa majesté Dansou Gazozo, a reconnu les mérites du travail « titanesque » qu’abat Dr Raymond Assogba pour que la Boologie soit devenue objectivement la science qui a pour objet l’étude de Vodoun, Boo et Fâ, après la mort de l’inventeur de la Boologie. A sa suite, les enfants du défunt, les invités ainsi que des têtes couronnées ont encouragé le directeur de l’unité d’enseignement de Boologie au département de Sociologie-Antropologie de l’Université d’Abomey-Calavi à poursuivre le développement de cette science qui  est un « arch de Noé » des Béninois face à l’envahissement des églises importées.

La flamme demeure  vive

La Boologie ne mourra pas. C’’est un engagement déduit des œuvres du  professeur Raymond  Assogba.  Avant sa mort, le professeur Cossi Jean-Marie Apovo a annoncé l’utilité de cette science pour la société béninoise. « Il restait au moins deux tâches à réaliser que j’ai assumées : d’abord la rédaction de l’Epistémologie de la Boologie (dont il a lu le manuscrit) et l’implémentation de l’Institut de Boologie dont nous avions conçu le programme dans un projet qui figure dans l’Epistémologie de la Boologie. L’Epistémologie de la Boologie a été publiée en 2016, première Edition Nagueze, et deuxième Edition Agbagbo, respectivement en 2016 et 2017 et présentée à la communauté scientifique lors d’une cérémonie placée sous la présidence du professeur Maxime Da Cruz, en même temps que le livre sur ma propre théorie de la contracculturation intitulé « Paradigmes de la contracculturation ». Nouveau courant sociologique et anthropologique en sciences sociales et humaines, Edition Lasodyla-Reyo, Abomey-Calavi » a expliqué Dr Raymond Assogba.

Malgré la peur et peut-être la honte de certaines capacités de porter maintes fortes à cette science, l’engagement reste le même pour Dr Assogba. Selon lui, avec la collaboration du SyNaMITraBil a été décidé de l’ouverture d’un premier campus de Boologie avec une académie qui verra le jour.

Dr Patrick Hinnou à la célébration

 « La Boologie a pris racine dans la culture béninoise »

Chef adjoint du département de Sociologie-Anthropologie de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), Dr. Patrick Hinnou a participé à la célébration du cinquième anniversaire du décès de Jean-Marie Cossi Apovo, inventeur de la Boologie. Il a fait savoir l’indispensabilité de cette science à la société béninoise et africaine. Et ce à travers une courte interview qu’il nous  a accordé.

Pour vous personnellement, la Boologie est-elle une science de la honte puisque ayant pour objet d’étude, une réalité culturelle endogène considérée comme négative?

Il faut d’abord souligner que la Boologie a été initiée et inaugurée par le professeur Jean-Marie Apovo qui a été notre enseignant dans cette université et qui a travaillé sur le Boo. Il a soutenu une Thèse d’Etat en France dont le titre est « Anthropologie du Boo. Théorie et pratique du gris-gris ». Donc vous aurez constaté qu’il a pris comme référence les valeurs endogènes, les cultures endogènes et a estimé qu’il est temps pour l’Africain qu’il était de s’intéresser à la culture et de faire une recherche digne du nom qui puisse intéresser le reste du monde. L’ « Anthropologie du Boo » a connu un développement plus tard. Toutes ces publications dans ce sens ont été formalisées dans une autre science, une science connexe appelée la ‘’Boologie’’. Il est utile de dire que la Boologie fait la fierté des Africains qui plus est des béninois. Il est important de le dire et de le clamer haut et fort parce que cette science fait connaître la culture, ou si vous voulez les variantes de la culture, de notre culture, de la culture béninoise. Et, en arriver à faire de cette culture une perspective scientifique qui obéit à la rigueur et à la méthodologie de la science, notamment la science Socio-anthropologique, en arriver à établir une telle relation mérite d’être soulignée, d’être reconnue. Jean-Marie Apovo n’a pas eu la chance de développer cette science dont il est l’auteur. Il a fait du chemin et aujourd’hui, le professeur Raymond Assogba se positionne comme le continuateur de l’œuvre d’envergure scientifique qu’il a laissée.

Donc, pour me résumer la Boologie a pris racine dans la culture béninoise, la culture africaine, a été théorisée comme science et mérite d’être poursuivie, d’être reconnue comme telle. Parce que ce qui vient d’ailleurs ne doit pas avoir la primauté forcément sur ce qui est de chez nous. L’essentiel à rechercher pour ce genre d’exercice c’est d’en arriver à créer la distanciation nécessaire pour que ce qui est initié ici comme science soit connue et respectée des autres.

Le professeur Assogba, aujourd’hui porte-flambeau de cette science nourrit des projets : ouverture du master en Boologie, création d’un laboratoire…Mais il se plaint souvent du manque de soutien et d’un environnement hostile à cette science. Qu’est-ce que vous promettez, qu’est-ce qu’il y a lieu de faire ?

Nous sommes tous d’accord que l’entreprise dont se trouve être garant le professeur Raymond Assogba mérite d’être développée. Pour qu’il en soit ainsi il faut mobiliser des moyens matériels, humains…Au département de Socio-Anthropologie nous n’avons pas un budget. Mais comme je l’ai souligné, nous sommes décidés à l’accompagner, parce que cette science ne doit pas mourir. Nous sommes décidés à l’accompagner en offrant notre cadre de travail, en faisant l’effort d’être présents à ses manifestations, en encourageant les étudiants à s’intéresser à cette rubrique de la science. Nous accompagnerons toute dynamique qui vise à faire connaître davantage la science dont il est garant.

Par ailleurs nous l’encourageons vivement à frapper à des portes, à d’autres guichets, des guichets qui encouragent la science, des guichets qui soutiennent l’éclosion de la science qui prend racine dans la culture endogène. Nous l’encourageons sur ce terrain et nous pouvons aussi l’encourager (peut-être) à ouvrir des portes, à échanger avec des partenaires pour que ces derniers puissent s’intéresser à ce qu’il fait. Ce qu’il fait, ce n’est pas seulement pour lui. C’est pour la communauté scientifique, c’est pour l’Université d’Abomey-Calavi. Donc l’Uac est plus indiquée, parce que je suis sûr qu’il y a des rubriques pour encourager la recherche au niveau du rectorat. S’il tente de frapper à ces portes, le rectorat peut contribuer à appuyer, à soutenir ses initiatives dans la recherche scientifique axée sur la Boologie.