C’est vrai et personne ne peut dire le contraire. Luc Atrokpo est le maire le plus encensé au Bénin. Premier adjoint au maire puis maire de la commune de Bohicon, il s’est imposé dans l’arène de la décentralisation béninoise. Depuis la première mandature à la quatrième, il fait parler de lui positivement. Ce qui lui a valu son élection à la mairie de Cotonou. Un record qu’il détient devant les grands administrateurs territoriaux. Mais plusieurs questions taraudent l’esprit des plus avertis de la politique béninoise. Atrokpo pourra-t-il relever la pente de la ville, capitale économique du Bénin? Que va-t-il devenir en politique s’il ne comblait pas les attentes des populations?

Terrain glissant

La gestion de la commune de Cotonou est une particularité hors pair. Si le Président, le respecté, Nicephore Dieudonné n’a pas pu quasiment combler les attentes des populations, encore moins son fils au cours de sa mandature a à la tête de cette commune qui est aussi un département, Luc Setondji Atrokpo doit savoir que la tâche est plus que pénible. Il sera désormais en face des cadres rusés qui, lorsqu’ils se voient retirer leurs biberons, se cachent derrière les textes pour saboter les efforts. Ou parfois, ils conduisent consciemment l’édile en erreur. Lehady Soglo en avait appris à ses dépens. Mieux, les meilleurs cadres de la commune de Cotonou sont les doyens. Ceux-là qui doivent encore beaucoup à l’ancien Président Soglo qui  n’est plus en odeur de sainteté avec la mouvance présidentielle dont émane le parti du nouveau maire. De surcroît, Cotonou à ses particularités. Son véritable mal jusqu’à présent incurable est l’inondation. Un défi auquel aucun maire n’a encore trouvé la bonne solution malgré l’implication parfois du pouvoir central. L’un dans l’autre, le nouveau maire de Cotonou a du pain sur la planche. La tâche est énorme. Alors que celui-ci est parti sur un pied. Puisque ses premiers challenges sont des élus de sa formation politique qui se réclament aussi capables de gérer la ville. Dans l’histoire de la politique béninoise, ce sont ces éléments qui mettent plus de bâton dans le roue du dirigeant afin de le rendre incapable. Luc Atrokpo doit mesurer la taille de l’enjeu et savoir poser ses pas. Sinon, il risque de signer son enfer politique.

Entre enfer et paradis politique

Haut de son piédestal avec ses expériences de la décentralisation, Luc Sètondji à tous les atouts politiques et techniques pour sortir la ville de Cotonou de ses boues. Malheureusement pour lui, la tâche ne lui sera pas facile. Puisque le terrain de Cotonou est plus que miné. Il doit savoir poser ses pas pour s’en sortir. Cette gestion de Cotonou paraît comme la soutenance de son agrégat en management des communes. S’il échoue, il va dans l’enfer politique. Parce que son élection n’a pas plu à plusieurs cadres. Même ceux qui l’admirent de l’autre côté de Bohicon se demandent s’il peut y arriver. Entre Cotonou et Bohicon, le fossé est grand. C’est comme le brillant d’une école des faibles niveaux qu’on vient classer dans la cour des génies. La  probabilité pour qu’il échoue est plus que grande. Mais s’il arrive à damer le pion aux génies, il est encensé partout et prend de la hauteur. C’est sur ce terrain que se trouve Atrokpo. S’il arrive à clouer le bec à ses détracteurs qui ont déjà acté son échec, s’il arrive à donner raison à ceux qui ont cru en lui, il sera aux anges au terme de son mandat. D’où son paradis politique qui pourrait l’envoyer pourquoi pas à la marina après le président Patrice Talon.

En tout cas, trop de social ne fait pas Cotonou.

Gilles Gnimadi