L’Acte 3 de la Causerie débat de l’Ong Wake Up for Your Rights, section Afrique est exclusivement consacré à la récente loi votée sur la décentralisation au Bénin. Porté sur le thème principal « La participation du citoyen à l’administration territoriale au Benin», ce troisième rendez-vous qui s’est tenu le jeudi 28 avril 2022 au Chant d’Oiseau de Cotonou, a permis aux participants de tous ordres de saisir la pertinence du contenu du texte. Des observations ont y été faites. Le Directeur exécutif de l’Ong Wake Up for Your Rights, Cédric Sokpé apporte des explications sur cette initiative qui profite aux populations.

Joseph-Martin HOUNKPE

Trois thématiques ont meublé les discussions qui ont duré plusieurs heures. Il s’agit de ‘’l’organisation et le fonctionnement des communes au Bénin’’, ‘’ La question du statut et de la responsabilité des acteurs des Communes’’ et enfin ‘’ La gestion du patrimoine des communes et les questions du contentieux’’. En effet, le juriste Eulade Adjahi, à travers une présentation exhaustive de la première thématique, a fait savoir que le Secrétaire exécutif incarne le pouvoir administratif et technique, et opère du coup dans l’organisation des services communaux. A l’en croire, ce secrétaire peut bénéficier du service délégué du maire. « Cette loi, par son contenu est une bonne chose. Presque toutes les communes attendraient par le passé, que les actions viennent du pouvoir central», a expliqué Eulade Adjahi pour qui l’avènement des Secrétaires Exécutifs va aider les Maires. Il n’a pas manqué de mentionner que le rapport entre le Maire et le Secrétaire exécutif est hiérarchique et fonctionnel. La deuxième thématique est développée par M. Abdoul Olanygnan, juriste de carrière. Généralement, à la conception de plus d’un, le Maire est presque totalement dénudé des rôles qui sont traditionnellement les siens si l’on lit les attributions du Secrétaire exécutif. Abdoul Olanygnan a balayé du revers de la main cette manière de lire les dispositions de la loi. « Le Maire n’est pas dépouillé totalement de la gestion du patrimoine. Il est prévu que le Maire peut donner des instructions au Secrétaire exécutif. En aucun cas, le Maire ne saurait être empiété par le Secrétaire exécutif dans l’exécution de ses fonctions», a-t-il fait comprendre. Il faut noter que les nouvelles dispositions de cette loi sur la décentralisation permettent toujours au citoyen d’être au cœur de  la gestion publique, sans occulter que c’est une réforme qui a bouleversé la gestion classique des communes. Pour M. Thierry Tobossi qui a pris en compte la dernière thématique, l’urbanisation des communes relève de la responsabilité des communes elles-mêmes.

Les participants mieux édifiés

La troisième rencontre de ce débat juridique a été un succès, puisque les objectifs sont atteints selon les différentes appréciations recueillies. «J’en ressors sidérée. J’en en apprends beaucoup, la belle preuve est que tout à l’heure, ils nous ont suffisamment édifiés sur la participation citoyenne  à l’administration territoriale», a témoigné madame Ariane Ayité Assavedo. Dans son intervention, cette dernière a martelé que le système de quota qui n’avait pas été prévu par la loi est une action positive. « Moi je salue cela. Vous conviendrez avec nous qu’au départ, les mêmes chances n’avaient pas été données aux femmes. Du coup, c’est une manière d’essayer de corriger cela. J’ai appris beaucoup sur les compétences du Secrétaire exécutif au niveau des communes», a-t-elle dit. M. Brice Nicolas Sokpé quant à lui, est sorti satisfait des discussions. Il a avoué que les échanges lui ont permis d’avoir un plus sur la question du Secrétaire exécutif. Ce sont des choses à répéter si Wake UP for Your Rights a les moyens. Le Conseiller juridique du président de l’Assemblée nationale, Yérima Kérékou, a avoué qu’il a assisté à une des formes de la vulgarisation de la loi. « Cela a consisté à  faire un débat, à échanger et à comprendre les méandres de la loi. Parce que c’est une loi qui a suscité beaucoup de commentaires, et vu ce qui s’est passé dans la salle aujourd’hui, je crois que les uns et les autres ont des situations de compréhension», a-t-il souligné. Tout en encourageant l’initiative, il a évoqué qu’on devrait attendre de voir ce que l’application de la loi va donner. En outre, dans son analyse, Eulade Adjahi a estimé que l’Ong Wake Up for Your Rights joue le rôle de l’Assemblée nationale. «L’Assemblée nationale qui vote les lois devrait rester dans cette posture d’explication, de partage avec le public », a-t-il ajouté.

Quel rôle joue l’Ong ‘’Wake Up for Your Rights’’ ?

Le Directeur exécutif de cette structure de la société civile a donné plus d’éclaircissement sur le rôle et les objectifs visés par l’initiative. Pour M. Cédric Sokpé, l’idée est partie du fait que, quand les populations sont dans des situations plus ou moins inconfortables, elles sont confrontées à la justice sans connaître forcément leurs droits et devoirs. «L’Ong étant une organisation de défense des droits de l’homme, nous nous sommes dit au lieu de venir à la rescousse des couches les plus vulnérables ou des populations en ce qui concerne la défense de leurs droits, il faut commencer par déjà inculquer, les sensibiliser à la notion de droit», a-t-il justifié. Il a renchéri qu’en tant que populations, on ne peut pas exiger des droits sans que vous ne connaissiez vos devoirs. C’est cela qui a conduit à l’idée de la pause juridique qui consiste à sensibiliser, à créer un cadre d’échange  pour sensibiliser les populations d’abord sur les questions de lois, les différents textes de lois qui existent et dans le même temps, relever de cette causerie, peut-être les craintes,  les imperfections, les améliorations qu’on aurait dû faire. « Nous en sommes à la troisième édition et à chaque acte, il est défini  un texte de loi d’actualité  où nous invitons et les organisations de la société civile, ouvert également aux populations afin que ces dernières puissent venir s’approprier  ces questions de lois et dans le même temps poser des questions d’éclaircissement. Ensuite, ça nous permet également de recueillir les craintes et partager les idées afin de transmettre un rapport à la fois, à l’Assemblée nationale et au Ministère de la justice pour leur faire part un peu des inquiétudes de ce qui a été fait, a fait savoir Cédric Sokpé. Il faut noter que selon ses propos, les objectifs de cette initiative sont entièrement et pleinement atteints. «Nous avons véritablement touché du doigt un problème qui se pose. C’est vrai que c’est dommage dans le sens où nous allons à des appels à la rescousse pour nous appuyer davantage afin que cette causerie dans un contexte beaucoup plus large et permettre à tout le monde, parce que organiser une causerie de cette envergure, demande et nécessite des ressources, un certain nombre d’appui», a confié le Directeur exécutif de l’Ong Wake Up for your rights. Il n’a pas manqué de lancer un appel à l’endroit des bonnes volontés qui voudraient bien les aider pour que cette initiative soit pérenne. Soulignons pour finir que cette Ong est une organisation membre de la Société civile. Elle milite pour la vulgarisation des lois ainsi que la promotion du respect des droits de l’homme.