La Commission chargée du contrôle des structures de prestations de soins médicaux était le vendredi 25 juin 2021, devant la presse. Dans la salle de conférence du Ministère de la santé, elle a fait cas des déviances observées dans les structures de prestations de soins médicaux enregistrés par la Commission, sur toute l’étendue du territoire national au cours du 1er semestre de 2021. Du point fait par le Coordonnateur de la Commission Pr Blaise Ayivi, six cabinets de soins infirmiers et cliniques d’accouchement eutocique ont été fermés et 16 saisines ont été réalisées pendant la période.
Victorin Fassinou
Clinique d’accouchements eutociques « Doffon » à Godomey ; Cabinet de soins infirmiers « St Léo » dans l’Arrondissement de Godomey ; Cabinet de soins infirmiers « La main de Dieu » à Cococodji ; Cabinet de soins infirmiers Yellen « Point de Dieu » à Cococodji ; Cabinet de soins infirmiers « Dieu seul » à Akassato et Cabinet humanitaire d’accouchements «Ste Anne-Ste Elisabeth» à Covè. Tels sont les six cabinets de soins infirmiers et cliniques d’accouchement eutocique qui viennent d’être fermés par la Commission chargée du contrôle des structures de prestations de soins médicaux au cours du 1er semestre de 2021. Des explications données par le Coordonnateur de la Commission Pr Blaise Ayivi, il est reproché à ces cliniques et cabinets le non-respect du cahier de charge. « En fait quand nous allons dans ces cabinets et cliniques qui sont souvent dans un état d’insalubrité, nous ne rencontrons pratiquement jamais les promoteurs infirmiers et sages-femmes mais des aides-soignantes qui reçoivent les malades, établissent des diagnostics non pertinents et font des traitements inadéquats. On comprend que l’état du malade peut s’aggraver dans ces conditions de soins et il va finir être évacué dans un état grave à l’hôpital », explique le coordonnateur. Dans les contrôles en immersion dans les centres de santé la Commission et ses cellules départementales ont conduit des investigations de saisine, des contrôles des normes en immersion dans certains services de santé et des missions de contrôle de la stérilisation dans les hôpitaux du Bénin. Elle a eu à réaliser 16 saisines au cours de ce premier semestre de l’année 2021. Elles ont porté sur : une prise en charge déficiente des malades (Chu Mel de Cotonou, clinique « La Pyramide » de Porto-Novo, Hz de Dassa, Csa de Kouti à Avrankou, aux services de Smau et de Pédiatrie au Cnhu de Cotonou, Csa de Guene à Malanville). Des rançonnements de patients en détresse (Hz d’Adjohoun, Csa de Glo-Djigbé, Hz de Natitingou, Csa de Gamia dans Bembèrèkè). Des malversations financières et des détournements de recettes (Hz de Savè, Hz d’Adjohoun). Des propos irrévérencieux et des actes d’insubordination envers le chef hiérarchique (Csa de Godomey). La commission a mis la main sur un exercice illégal de la médecine et de la chirurgie (Hz de Dassa). Elle a constaté une délivrance d’ordonnance de matériels de chirurgie faisant suspecter un réseau de malversations (Chudo à Porto-Novo).
La justice pour s’occuper désormais des cas de déviances
« La plupart des cas de saisines ont confirmé à des degrés divers les soupçons et accusations. Les mises en cause recevront ou ont reçu les sanctions dont la sévérité est à la mesure de la gravité des malversations commises», précise le Professeur Ayivi. Une autre activité phare menée par la commission durant ce 1er semestre de l’année a été le contrôle du processus de stérilisation dans nos hôpitaux en vue de relever les écarts essentiels. Tous les départements du Bénin ont été passés en revue, excepté celui du Littoral prévu pour la semaine du 28 juin 2021. Les résultats de ce contrôle montrent, entre autres, la persistance de l’utilisation des poupinels comme équipements de stérilisation à la place des autoclaves qui sont plus efficaces et recommandés ; des autoclaves en panne ; une salle de stérilisation souvent confondue avec la salle de désinfection, de lavage, de rinçage, de séchage et de recomposition du matériel à stériliser ; l’utilisation de l’eau de javel pour la décontamination des instruments alors qu’elle est corrosive et doit être substituée par un produit à base de bêta-aldéhydes comme l’Anios ; le non-respect de la marche en avant dans le processus de la stérilisation ; l’absence d’indicateurs de contrôle de la qualité de la stérilisation. Les autres irrégularités observées sont : l’absence de qualification et de formation des agents responsables de la stérilisation et l’absence de maintenance préventive des équipements de la stérilisation. Pour le Coordonnateur, « Ces multiples déviances observées dans le système de santé sont gérées jusqu’à présent par des actions dissuasives de premier niveau telles que les demandes d’explications, les affectations à un autre lieu de travail et des avertissements. Dorénavant, les non respects des normes dans les soins seront gérés par la justice. La Cour de Répression des Infractions et du Terrorisme (Criet) et la Brigade Economique Financière (Bef) seront mises à contribution pour résoudre ces problèmes ». A l’en croire, « Tout n’est pas négatif car il y a des hôpitaux où la stérilisation ne présente pas d’écarts par rapport aux normes ». Dans ce registre, l’on peut citer le Chu Mel et l’Hôpital d’Instruction des Armées de Cotonou, le service de chirurgie pédiatrique du Chd Zou à Abomey, l’hôpital de zone de Boko (dans N’Dali), l’hôpital de zone de l’Ordre Souverain de Malte à Djougou, l’Hôpital « La croix » de Zinvié, l’hôpital de zone de Tanguiéta. « Nous souhaitons que les autres hôpitaux leur emboîtent le pas », lance le Coordonnateur qui appelle tous à l’observance des mesures barrières et à se faire vacciner sur les différents sites ouverts à cet effet dans le pays.
Une mission républicaine
La Commission chargée du contrôle des structures de prestations de soins médicaux a été créée en Octobre 2018 sur l’initiative personnelle de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Patrice Talon. Selon le décret 2018-472 du 10 octobre 2018, elle est « chargée du contrôle du respect des normes par les établissements publics et privés de prestations de soins de santé ». Elle bénéficie depuis février 2020 de la création de 6 cellules départementales qui lui servent de relais pour le suivi de la mise en œuvre des recommandations faites lors des contrôles antérieurs et pour l’identification et la correction au niveau local des déviances et dysfonctionnements dans les formations sanitaires publiques et privées. Ses méthodes de travail sont les inspections en immersion dans les hôpitaux et autres formations sanitaires, les saisines soit via le 91 44 44 44, numéro WhatsApp de plainte du ministère de la santé, soit à la demande de l’Autorité du ministère de la santé, soit à partir des informations à l’un des membres de la commission ou des cellules départementales.