Malgré la menace de la Covid-19, le Bénin maintient sa première place avec une production de près de 714. 714 tonnes, a rassuré le ministre de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche, Gaston C. Dossouhoui dans un entretien accordé à la chaine nationale. Pour lui, seul le Bénin n’a pas revu les prix du coton à la baisse. Alors que les autres pays de la sous-région notamment au Burkina-Faso, le prix d’achat du coton est passé de 265 à 240fcfa, au Mali de 275 à 200 Fcfa et au Togo le coton graine est acheté à 225Fcfa contre 265Fcfa l’année dernière. Ci-dessous, découvrez les promesses du secteur du coton dans l’intégralité de l’entretien.

 

Le dernier conseil des ministres a décidé de racheter les intrants coton et le coton graine sur le prix de l’année dernière. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

 

D’abord le coton se produit en utilisant beaucoup d’intrants. La semence, d’abord, les engrais et des pesticides. La conjoncture cette année est particulière parce que depuis les maisons de fabrication, l’engrais a pris de la valeur. Le coût s’est renchéri. Cela s’est aggravé par la difficulté de transport liée au coronavirus et les quelques premiers bateaux qui étaient venus avant le coronavirus ont  eu cette chance. Mais peu après les coûts ont flambé. Même à l’intérieur le déplacement de facteurs de production du port, à l’intérieur, devrait être plus cher que l’année dernière, le gasoil et les frets. Si Tous les planteurs ont demandé, après avoir fait les calculs, que nous avons autre avantage à sauvegarder, c’est de pouvoir nous conformer et maintenir notre place de premier. Fort de ça, les sociétés de distribution ont concédé les fameux intérêts…

Parallèlement, il y a la mise en place d’intrants pour les cultures vivrières qui se développent…

Quant aux insecticides, face aux mêmes conditions les mêmes raisonnements ont prévalu pour qu’on les maintienne aux prix de l’année dernière de sorte que les insecticides soient à 3500 f le demi-litre, la quantité qui couvrirait un demi- hectare, les herbicides à 5000 f mais il y a des herbicides précoces qui sont une nouveauté aujourd’hui et qui coûtent 7000 f le litre. Ceci c’est pour encourager les planteurs. L’encouragement, c’est que quand vous regardez aujourd’hui le coût du coton, il est en baisse. Néanmoins, pour ne pas dire on a maintenu le prix ici et qu’on a récupéré en baissant le prix du kg, on a maintenu ce prix à 265 f le kilogramme de coton graine aux planteurs, prix payé aux planteurs. Sur ces prix encore, les égreneurs paient 15f en plus dont 10 f de fonction critique et 5f de réserve stratégique. Les volumes que nous brassons sont maintenant importants. C’est le lieu de rappeler que nous avons été premier l’année dernière, il y a un an. Nous sommes premier encore, la campagne dernière en produisant 714. 000 tonnes. Et c’est important, ces mesures ont été prises pour se maintenir et maintenir le Bénin en matière de qualité de productivité.

Monsieur le ministre la question de surendettement se pose dans le secteur. Qu’est-ce qu’il en est et qu’est-ce qu’il faut faire ?

Aujourd’hui, les intrants sont pris à crédit. …c’est le groupement qui prend au nom de ses membres. L’Aic a encore mis en place un crédit spécial d’accompagnement à taux zéro pour que les gens puissent faire les récoltes et autres activités. Mais tout ça ne suffit pas. Il y a les institutions de micro-finance aujourd’hui qui ont négocié des crédits au niveau des producteurs par le biais de caution solidaire, les Ca (représentants) de ces groupements prennent les crédits pour leurs groupements. Et tous ces crédits sont dénoués au moment où on paye le coton. Il se fait maintenant que parfois sans l’avis des coopérateurs, les groupements prennent suffisamment de crédit et surendettent la coopération au point où quand l’Aic finit de payer les fonds coton, les gens ne sont pas capables de payer à chaque producteur ce qu’ils doivent. Il y a un surendettement interne qui oblige certains à ne pas recevoir le fruit de leur travail. Si nous ne prenons pas garde, de braves producteurs qui n’avaient pas contracté autant de crédit, n’ayant pas reçu le fruit de leur travail peuvent baisser les bras et dire qu’ils sont démotivés qu’ils ne feront plus le coton. A l’interne, nous aurions tué la filière. C’est pourquoi nous avons pris la décision suivante: A travers d’abord un arrêté interministériel, on a aussi averti les institutions de micro finance, pour dire si une institution de micro finance veut accorder du crédit à un groupement où à un élément du groupement, il est important  de faire la requête à l’Aic et de s’assurer que le groupement-là peut régler son crédit, que le groupement n’a pas encore atteint son niveau d’endettement maximal. L’Aic ne doit pas aussi dormir sur cette requête. Il a un maximum de 10 jours pour réagir. De cette façon, on va décourager tous ceux qui font mettre en place des crédits de façon fantaisiste. De toute façon, si une Imf passe outre cette disposition, elle aura à payer le prix. On ne va pas lui faire le retrait systématique à la source et elle va se débrouiller pour prendre son crédit auprès de ceux qui auront contracté.

Dans ce contexte de covid-19 quelle est l’ambition du Bénin pour la campagne prochaine ?

Nous n’allons pas mettre la charrue devant les boeufs. Mais il y a une chose : nous voulons absolument aller dans une démarche d’intensification de la production. Et une démarche de durabilité dans la production. ça veut dire que nous allons mettre en place aujourd’hui des technologies innovantes qui préservent la qualité du sol, la qualité du produit que nous allons avoir, les différentes molécules (pesticides, insecticides,…) que nous utilisons, pour garantir une bonne qualité du coton graine et du coton fibre ainsi que la santé des hommes qui pratiquent la culture cotonnière. De plus, on doit travailler pour que les rendements montent. Aujourd’hui nous sommes autour de 1,2 tonne par ha. Nous voulons aller nécessairement en moyenne à 1,5 tonne. Ce faisant, même si nous avons 600 000 hectares à planter, nous pouvons titiller les 900 000, ou 1. 000. 000 de tonnes. Pour aller progressivement, nous mettons la barre à au moins 1,3 tonne par hectare dans tout le Bénin pour la campagne à venir. Si nous arrivons à planter 700 000 hectares, au moins, nous nous irons à 850 000 tonnes ou peut-être un peu plus. Mais dans tous les cas, nous allons progresser. Je rappelle qu’à l’avènement de ce régime, à la première campagne, à la faveur de la confiance qui est revenue au niveau des paysans à cause de la présence du président Talon, nous sommes passés à 457 000 tonnes. La deuxième année, nous sommes allés 695 000 tonnes, et nous sommes désormais premier en Afrique. Maintenant nous sommes à 714 000 tonnes. Nous allons monter à 850 000 tonnes au moins pour la campagne à venir.

Junior fatongninougbo