La campagne de sensibilisation multidimensionnelle aux maladies virales du manioc, lancée le 11 mai dernier, a pris fin le jeudi 02 juin 2022. C’était à l’étape d’Abomey-Calavi regroupant les départements de l’Atlantique, du Littoral et du Mono. Le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, le Professeur Félicien Avlessi, représentant la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs) a procédé à l’ouverture de la séance au cours de laquelle les populations ont été invitées à sauver la spéculation.

Victorin Fassinou

 Grâce à la grande campagne de sensibilisation du Programme Wave, les populations de tous les départements du Bénin, sont suffisamment informées et sensibilisées à la reconnaissance et à la gestion des maladies virales du manioc, à travers  les comportements à adopter pour sauver cette filière au Bénin. En effet, troisième plus grande source de glucides pour l’alimentation humaine et la culture de subsistance et de rente, par excellence pour les producteurs, le manioc est l’incontournable aliment de base pour près de 800 millions de personnes dans le monde, dont près de 500 millions d’Africains. Au Bénin, le manioc compte dans l’alimentation de plus de 75% de la population. Bien que l’Afrique dispose de variétés hautement productives dont le potentiel peut dépasser 40 tonnes/ha, et que le  continent en soit le plus grand producteur au monde, avec 57%, il enregistre, hélas, le plus faible rendement moyen estimé à 10t/ha, comparé à l’Asie avec un rendement de 21,34 t/ha, selon les statistiques de 2016. La culture est, en effet, gravement menacée dans son intégrité par un complexe de maladies virales dont  la maladie de la mosaïque du manioc ou Cassava Mosaic Disease et la Striure brune du manioc ou Cassava Brown Streak Disease (Cbsd). Des prospections conduites par Wave-Bénin, de 2015 à 2022, ont permis de confirmer que l’incidence de la mosaïque du manioc dans le pays est très élevée. Cette campagne a eu pour  objectif  d’amener les producteurs et tous les acteurs concernés de la chaine des valeurs, à savoir comment gérer les pathologies du manioc au champ, dans un contexte de crise alimentaire, l’alternative pour les pays tropicaux, étant le manioc. Partie de Kétou, dans l’Ouémé-Plateau, le 11 mai 2022, la caravane de sensibilisation a parcouru Bohicon (Zou-Collines), le 13 mai, avant de poursuivre sa route à Parakou (Borgou-Alibori et Atacora-Donga). Le point de chute de cette initiative a été l’étape d’Abomey-Calavi, du jeudi 02 juin dernier, pour le compte des départements de  (Atlantique-Littoral-Mono). Aux dires du Professeur  Corneille Ahanhanzo, Biotechnologiste et Directeur pays de Wave pour le Bénin, à la  clôture qui a eu lieu à Abomey-Calavi,  «au cours des étapes de la caravane, les populations ont été invitées à sauver la spéculation afin que le Bénin ne connaisse pas la situation de rareté vécue en Afrique de l’Est, dans un passé mémorable». Il poursuit en déclarant que «ces acteurs de la filière manioc ont été  informés des pratiques interdites qu’il faut éviter pour sauver le manioc et préserver les variétés à hauts potentiels dont ils ont besoin pour booster le secteur». L’occasion était offerte d’en appeler la population à «préserver le  manioc et œuvrer pour sa bonne santé», a fait savoir le professeur Ahanhanzo qui a remercié la Fondation Bill & Melinda Gates pour son appui, ainsi que les autorités à divers niveaux pour avoir facilité le bon déroulement de la campagne et de toutes les initiatives de Wave au Bénin. Saluant le choix porté sur sa commune dans le cadre de la clôture de la campagne, le maire d’Abomey-Calavi, M. Angelo Ahouandjinou, a salué et félicité le programme Wave pour ses actions sur le terrain. Pour le  représentant des producteurs/transformateurs, M. Jacques Nagonou, «cette campagne arrive à point nommé puisqu’elle permettra aux producteurs de mieux connaître les meilleures méthodes pour de bons rendements de cette spéculation».

La recherche au service du développement…

Représentant la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs), le recteur Félicien Avlessi, a rappelé que «les maladies des plantes constituent une menace grave pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans nos pays. Elles exposent les paysans à une sous-production et les populations à la famine». Il estime que «pour la garantie de la souveraineté alimentaire, il est indispensable aux acteurs impliqués dans le processus du développement agricole, de mener une guerre sans merci contre les virus qui attaquent les plantes». Le cas du manioc qui est une culture de base, la plus consommée d’ailleurs dans de nombreux pays de la sous-région, tel que le Bénin, et qui est identifié par les différents gouvernements comme culture prioritaire dans le «plan stratégique de développement du secteur agricole (Psdsa) du pays est préoccupant», indique le recteur qui a fait savoir «l’engagement et la volonté du Président Patrice Talon à faire du Bénin une puissance agricole. Un Chef de l’Etat qui met un point d’honneur à développer la recherche scientifique». A l’entendre, l’Université d’Abomey-Calavi ne reste pas en marge de l’accompagnement dont a besoin Wave-Bénin dans sa mission de lutte efficiente contre les maladies des plantes à racines et tubercules en particulier le manioc. Pour lui, «le présent atelier est la preuve que les résultats des recherches scientifiques ne sont pas rangés dans les tiroirs; ils sont exécutés et suivis pour un développement durable». Avant de lancer la campagne, le recteur a félicité la coordination Wave au Bénin et les partenaires techniques et financiers qui accompagnent le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dans sa mission de recherche scientifique.   

Le présidium à l’ouverture des travaux