Pour la Présidente de la Plateforme Electorale des Osc (Peosc) du Bénin Fatoumatou Zossou Batoko, ce  processus électoral ne ressemble pas à ce que les Béninois ont connu jusqu’alors. Cette fois-ci, il y a beaucoup de partis politiques en compétition pour la conquête du pouvoir, il y a  déploiement de gros moyens pour conquérir les votants,  de l’ambiance chaude dans les rues dans les quartiers et dans les stades.  Dans cet entretien, Mme Zossou Batoko lève un coin de voile sur les différentes actions que mènent les Osc sur le plan des élections et plus précisément des activités que font les Osc réunies au sein  de la Plateforme Electorale des Osc (Peosc) du Bénin. Dans ses mots,  elle rassure que la Plateforme Electorale joue et continuera de jouer sa partition pour que l’élection du 11 avril 2021 se déroule dans la paix. Elle invite, pour finir, tous ses compatriotes à rester attacher à la paix et à adopter des comportements qui leur permettront de se retrouver pour réfléchir ensemble et trouver des réponses aux questions qui les  divisent en ce moment.

Comment se porte la plateforme électorale des Osc du Bénin que vous présidez ?

 Je voudrais vous remercier de l’opportunité que vous nous offrez de parler des initiatives de la Plateforme Electorale des Osc (Peosc) du Bénin.

La Peosc se porte bien. Elle a déjà exécuté plus de 60% des activités planifiées dans le cadre du processus électoral du 11 avril 2021.

 Quel est votre regard sur le processus électoral en cours dans notre pays dans la perspective de l’élection présidentielle du 11 avril 2021 ?

Ce processus ne ressemble pas à ce que nous avions connu jusqu’alors ; je veux dire que beaucoup de partis politiques en compétition pour la conquête du pouvoir, déploiement de gros moyens pour conquérir les votants, ambiance chaude dans les rues dans les quartiers et dans les stades… Aujourd’hui la nouvelle législation a réduit le nombre de partis politiques et c’est normal que l’ambiance s’en ressente. C’est une expérience qui sera certainement améliorée pour que les réformes qui la soutiennent soient portées par tous les acteurs politiques. C’est important que beaucoup d’acteurs se sentent concernés par ces réformes, se les approprient et donc se sentent attachés à elles comme la Constitution de février 1990.

L’opinion publique dénonce un silence pesant des organisations de la Société Civile autour de la présidentielle de 2021. Que répondez-vous à ce propos ?

Je comprends nos compatriotes; ils ne sont pas habitués aux pratiques de la diplomatie active qui ne fait pas de bruit. Et je voudrais donc rappeler que trop de parole n’est pas toujours la solution. Il faut cerner son interlocuteur pour savoir comment emballer sa requête, savoir si c’est à travers le dialogue ou en faisant du bruit que la requête portée connaitra l’issue souhaitée ou le contraire, est primordial pour le militant de la Société civile.

La Peosc,à travers le Gnre (Groupe National de Réponses Electorales), a cependant fait des déclarations qui comportent les forces et faiblesses du processus actuel et a fait des suggestions pour améliorer. Elle a rencontré presque tous les acteurs concernés pour plaider/sensibiliser afin que chacun participe à l’apaisement du processus.

Des journaux, radios et télévisions, les réseaux sociaux ont relayé ses communiqués et déclarations. Et puis, il est temps que les journalistes que vous êtes, s’y mettent pour informer que la Société civile c’est aussi eux, nos compatriotes qui fustigent le silence de la Société civile.

Quel point peut-on déjà faire des actions menées par les Osc pour jouer leur partition dans le processus électoral en cours ?

La Plateforme Electorale a réalisé comme je le disais tantôt, plus de 60% des activités planifiées dont quelques-unes sont  les suivantes: l’installation des points focaux pour informer sur la situation dans les départements, l’installation du réseaux de déconstructions des fausses nouvelles avec l’Association des Blogueurs du Benin, l’installation du Gnre, Les rencontres avec les institutions impliquées dans les élections et les acteurs politiques *les formations de renforcement des capacités des membres de la Peosc * les séances de travail avec les têtes couronnées et leaders dans les communes à risque * les formations de formateurs et des observateurs etc…

 Au regard des différents évènements qui ont été notés jusqu’à ce jour tels que l’emprisonnement d’une opposante, l’absence de certaines forces politiques…a-t-on raison de craindre des tensions électorales au Bénin ?

 Depuis quelques années, les processus électoraux sont devenus des sources prioritaires de conflits dans nos pays. Nous devons donc redoubler de vigilance pour ne pas basculer dans l’irrémédiable. Nous nous sommes pendant longtemps enorgueillis de notre démocratie, des alternances politiques qui se sont déroulées sans grands heurts etc. Mais les réalités actuelles doivent nous réveiller car elles nous renvoient au visage que nous n’avions pas fait ce qu’il faut; nous n’avions pas eu les comportements qu’il faut ; nous n’avons pas continué à réfléchir de sorte d’affiner notre démocratie, de l’adapter aux changements pour nous affirmer. Dans le fond, ces tensions nous offrent des opportunités pour corriger nos erreurs et aller de l’avant. Mais il faut que nous en ayons et prenions conscience.

A l’endroit des parties prenantes au processus électoral, (acteurs politiques, Ptf, citoyens) quelles ont été vos démarches pour contribuer à apaiser le climat social ?

 Outre les activités citées dans la réponse précédente, je vais ajouter que la Peosca déployé 42 points focaux sur le territoire national pour suivre et informer sur la situation dans les départements. Elle a installé en septembre 2020, le Gnre qui a pour objectif de prévenir et de solutionner les violences électorales avant pendant et après les élections. Elle a initié des activités de sensibilisation à travers des sketchs et des émissions radios en langues locales. Elle travaille à cet effet avec 38 radios locales en collaboration avec la Fercab (Fédération des Radios Locales et Assimilées du Bénin). Nous avons travaillé avec les têtes couronnées, les leaders communautaires, les représentants des jeunes et des femmes dans les communes qui ont connu les violences des élections législatives de 2019 et avons identifié ensemble les activités à mettre en œuvre. Nous y avons mis en place, toujours ensemble avec ces représentants, des groupes de sensibilisations et de plaidoyers et identifié les cibles de ces activités.

Quelles sont les prochaines actions envisagées par la plateforme électorale dans le cadre de ses activités ?

La Peosc installera la Salle de Situation électorale le jour du scrutin. Nous ferons donc de l’observation active qui permet de résoudre les problèmes/violations relevés sur le terrain au fur et à mesure qu’ils sont identifiés par nos collègues observateurs.

C’est le lieu de remercier et de féliciter la Cena avec qui la Plateforme Electorale travaille en étroite collaboration le jour du scrutin pour résoudre les problèmes/difficultés.

Après le vote, le suivi post électoral des problèmes sera assuré par la Plateforme Electorale à travers le Gnre qui travaillera à prévenir et solutionner les violences post électorales.

Pouvez-vous rassurer les citoyens béninois que l’élection présidentielle du 11 avril 2021 sera transparente et pacifique grâce à l’implication de la plateforme électorale des Osc ?

C’est la raison d’être de la Plateforme Electorale. Elle joue et continuera de jouer sa partition pour que l’élection du 11 avril 2021 se déroule dans la paix.

Votre conclusion a cet entretien ?

J’invite tous mes compatriotes à rester attacher à la paix et à adopter des comportements qui nous permettront de nous retrouver pour réfléchir ensemble et trouver des réponses aux questions qui nous divisent en ce moment.

Je ne voudrais pas finir sans remercier les partenaires financiers qui soutiennent la Plateforme Electorale et les personnalités membres du Groupe National de Réponses Electorales qui ne ménagent aucun effort dans l’accompagnement de la Plateforme Electorale.

Junior Fatongninougbo