Doctorante en droit, Estelle Gbénou est une jeune activiste de l’énergie. Jeune femme bénino-ukrainienne, elle est l’amazone des temps modernes. Son seul souci est d’apporter sa pierre à l’émergence de l’Afrique pour que chaque jeune, dans chaque village puisse créer la richesse.  Présidente de l’Association « Le Droit à l’Énergie »,  elle a été recrutée à la Mission de la République centrafricaine auprès des Nations-Unies à New-York et par la suite  consultante  à l’Union Africaine.  Pour elle, le développement économique de l’Afrique passera nécessairement par la résolution du problème énergétique, d’où son combat pour l’électrification à 100% en Afrique subsaharienne.  Elle a eu à organiser, la première édition de « conversation sur l’énergie en Afrique » qui s’est tenue en mars 2019 au siège des Nations-Unies à New-York aux États-Unis pendant la session du CSW19, la deuxième édition qui s’est tenue en Juillet 2019 à Niamey pendant le Sommet des Chefs d’États de l’Union Africaine. Cette  troisième édition qui s’est déroulée en décembre 2020  au Bénin a pour  but de sensibiliser sur la nécessité d’avoir une électrification à 100 % à bas coût. Et pour y arriver, Estelle Gbénou  a réalisé un film documentaire de 20 minutes  sur la question. Cette œuvre titrée « Energy 2020 » a été réalisée au Bénin, en Éthiopie, en France et au Congo.  Dans cet entretien, Estelle Gbénou nous parle de ses ambitions, de son association « Le Droit à l’énergie », de ses  actions pour la cause énergétique, de l’intérêt qu’elle a en produisant sous fonds propres,  un film documentaire sur la question de l’Energie, de son regard sur ce qui se fait par le régime de la Rupture dans ce secteur énergétique. Il a pour finir lancé un appel aux gouvernants africains et aux communautés pour l’atteinte de cet objectif, 100% d’électrification de l’Afrique.

Activiste de la cause de l’énergie, parlez-nous un peu de vos actions pour la cause énergétique ?

 La cause énergétique est une cause super importante pour la jeunesse africaine. En termes d’actions, mon association organise des conversations sur l’énergie en Afrique où nous parlons avec des décideurs politiques et nous essayons de les influencer, de les sensibiliser davantage sur la question de l’électrification en Afrique afin que d’ici peu de temps, l’Afrique subsaharienne rattrape son retard énergétique par rapport à l’Afrique du Nord et que nous en soyons à 100% d’électrification dans toute l’Afrique.

Cette année, vous avez réalisé un film documentaire sur la question sous fonds propres. Quel est l’intérêt ?

J’ai réalisé en début de cette année, un documentaire sur l’électrification de l’Afrique pour montrer à quel point cette question était une source de disparité entre personne vivant dans un milieu rural et personne vivant dans un milieu urbain. Cela impacte l’avenir de génération en génération. C’est pour ça que j’ai réalisé ce documentaire afin que les gens puissent voir de leurs yeux et puissent être touchés par cette cause et surtout pour que la jeunesse comprenne l’enjeu essentiel de cette question d’électrification pour son propre avenir, prenne les choses en main et s’exprime en faveur d’une électrification rapide à 100% de toute l’Afrique.

Pourquoi l’énergie et non un combat pour l’eau, l’éducation et la santé pour tous ?

Lorsque vous avez mille problèmes, ce que vous pouvez faire en général c’est de trouver ce problème dont la solution pourra solutionner les autres problèmes. L’électrification se retrouve au centre de tous les domaines que vous venez de citer. Si vous n’avez pas d’électricité vous ne pouvez pas dans le domaine agricole pomper l’eau de source parce que par exemple les volailles ne boivent pas l’eau de pompe, donc il faut pouvoir pomper l’eau du sous-sol et ça demande de l’énergie. Dans la santé, je n’ai plus à vous expliquer pourquoi il faut l’électrification. Et surtout, la question centrale se situe pour l’avenir des jeunes parce que 90 % de la jeunesse africaine devra se lancer dans l’entreprenariat pour s’en sortir. Imaginez-vous entreprendre sans électricité. Est-ce que le jeune qui entreprend dans un village où il n’y a pas d’électricité à la même puissance que le jeune qui entreprend en ville ? C’est un grand facteur aussi d’exode rural.

L’électrification est l’un des piliers phares du Pag. Quel est votre regard sur ce qui se fait par le régime de la Rupture dans ce secteur ?

Nous avons eu la chance pendant notre troisième conversation tenue au Bénin en décembre 2020, d’avoir la présence du directeur de cabinet du ministre de l’énergie qui nous a expliqué les actions qui ont été mises en place par le gouvernement de la Rupture. Ils sont en train d’aller vers une électrification à 100 % du Bénin. Là, nous en sommes déjà à 60 %. Beaucoup de moyens sont mis en œuvre, beaucoup de politiques sont en train d’être élaborées. Ce qui était important pour moi aujourd’hui, c’était de mesurer l’accessibilité du ministère de l’énergie, de voir si par exemple les jeunes de ce village de Tori- Bossito sans énergie présent dans mon documentaire peuvent faire un dossier, se rapprocher du ministère de l’énergie et avoir des kits solaires en attendant qu’on puisse raccorder leur village avec le réseau électrique. J’ai eu une réponse assez positive. Je peux constater que le gouvernement béninois, c’est des gens vraiment ouverts vers qui on peut aller. Nous allons faire ensemble les démarches de demande de kits d’appoint pour cette localité et nous pourrions apprécier en temps si les actions sont vraiment à la hauteur des promesses. Donc nous allons pratiquer le gouvernement pour voir si on peut avoir des solutions d’appoint avant les grandes solutions nationales.

Dites-nous quelque chose sur votre association « Le Droit à l’énergie ».

L’association « le droit à l’énergie » n’a qu’un seul but : Faire de l’activisme pour l’énergie à 100% en Afrique subsaharienne. Donc nous attendons avec impatience le jour où nous allons décider de dissoudre l’association parce qu’il y aura une électrification à 100% en Afrique subsaharienne. C’est ce que nous voulons vraiment voir concrétiser. Nous organisons des conférences pour parler de la question, sensibiliser les membres du gouvernement pour qu’ils ne se déconnectent pas des réalités de la jeunesse et du peuple africain en général. Nous offrons aussi des solutions d’appoint. Par exemple l’association va électrifier le village de Tori-Bossito, salle de classe par salle de classe. Nous offrons aussi une assistance juridique à chaque association ou à chaque projet qui pourrait nous solliciter.

Un appel aux gouvernants africains et aux communautés pour l’atteinte de cet objectif, 100% d’électrification de l’Afrique.

Mon message est le même. Si vous êtes président de la République en Afrique subsaharienne aujourd’hui en 2020, peu importe le pays, si vous devez faire une seule chose pour votre peuple, électrifiez tout le pays avant la fin de votre mandat. Notre association encourage surtout le développement de l’énergie hydraulique parce que nous voulons que les gouvernements africains électrifient l’Afrique mais avec une énergie à bas coût. Nous n’encourageons pas les Etats à prendre des décisions coûteuses juste parce qu’ils veulent régler un problème immédiat. Nous sommes dans l’action où il faut travailler ensemble à donner une réponse africaine, c’est-à-dire que le Bénin se mette avec le Burkina-Faso et le Niger par exemple; qu’on utilise les grands lacs pour produire l’énergie et faire des kits solaires que de faire de grandes centrales et nous revendre l’énergie chère, parce que le coût est aussi un facteur qui empêche l’accès à l’énergie.

Entretien réalisé par Victorin Fassinou (LA PRESSE DU JOUR)