La coordination Bénin du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) a organisé le jeudi 09 juin 2022, un webinaire sur la «Sécurité alimentaire et nutritionnelle et changements climatiques ». Occasion au cours de laquelle, les communicateurs ont attiré l’attention de tous sur le risque d’une insécurité alimentaire et nutritionnelle aigue qui plane sur l’Afrique, selon les projections de situation juin-août 2022 et les défis qui s’imposent pour une bonne Sécurité alimentaire et nutritionnelle et changements climatiques en Afrique.
L’Afrique subsaharienne apparaît comme l’une des zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire dans le monde. Plus d’un tiers des personnes touchées par la faim dans le monde en 2020 vivent dans cette région, soit un peu plus de 89.000.000 de plus que 2014 selon le rapport de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) en 2021. Au regard de l’évolution des changements climatiques, ces dernières années et leurs impacts sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle davantage menacée par les crises Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, le risque d’une insécurité alimentaire et nutritionnelle aigue en Afrique persiste. Le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) est très préoccupé par la situation. En témoigne la tenue de ce webinaire qu’il a organisé le jeudi dernier. Ce webinaire a été marqué par deux communications. La première développée par le représentant résident de la Fao au Bénin Isaias Ange Obama Oyana sur le sous-thème « Consolidation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de changements climatiques : cas de l’Afrique », a décrit l’évolution des changements climatiques ces 20 dernières années en Afrique de l’Ouest et du Centre. Dans son exposé, le communicateur a fait savoir qu’il y a eu des déficits pluviométriques, les grandes sécheresses, les pluies diluviennes et des inondations dévastatrices qui ont des conséquences sur les moyens de subsistance des populations. « On a pu constater que le nombre de catastrophes naturels a doublé en l’espace de 20 ans selon l’Onu, des inondations à répétition, des feux de forêt et des sécheresses empêchent les agriculteurs de planifier leurs cultures selon les saisons complètement bouleversées. Les terres perdent de leur fertilité et l’irrigation pluviale insuffisante ; les récoltes diminuent ; le bétail quant à lui peine à trouver de l’eau pour s’abreuver et le pâturage pour se nourrir. Ces bouleversements ont touché les quatre dimensions d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle que sont la disponibilité de la nourriture, l’accessibilité, la stabilité de la disponibilité et la bonne utilisation par les populations. A ce propos, le représentant résident de la Fao au Bénin relève que le caractère imprévisible et croissant du climat a provoqué un recul des rendements agricoles, la baisse des rendements agricoles avec un impact majeur sur le prix des aliments, l‘instabilité de la production agricole entrainant l’augmentation considérable des prix des denrées alimentaires. Tout ceci a un impact sur les personnes les plus pauvres qui ne peuvent parfois plus acheter des aliments de base. La priorité doit être accordée aux politiques nationales visant au développement de l’agriculture et la gestion durable des ressources naturelles, une vision à long terme reconnaissant la sécurité alimentaire comme un projet de société solidaire et une clarification des rôles des acteurs doit être menée, la mobilisation des ressources domestiques et externes pour mettre en œuvre l’ensemble des politiques, stratégies et programmes en faveur de la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique. Pour le représentant résident de la Fao au Bénin, les stratégies d’adaptation et d’atténuation doivent être renforcées, sinon, des milliers de personnes en Afrique de l’Ouest et du Centre devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aigue. Pour lui, la priorité doit être accordée aux politiques nationales visant au développement de l’agriculture et la gestion durable des ressources naturelles.
Des actions pour ne pas basculer en phase crise
Dans la deuxième présentation« Sécurité alimentaire au Bénin : Chemin parcouru, défis et perspectives », le Secrétaire permanent du Conseil de l’alimentation et de la nutrition (Can) au Bénin, Alfred Acakpo a indiqué que pour ce qui concerne la situation courante mars-mai 2022, il y a eu 11 communes en phase 3 dite phase crise. Dans son développement, il a fait savoir que ces communes ont été exposées à des chocs (sécheresses, inondations) qui ont fragilisé leur résilience. Les populations en phase crise à pire au plan national sont estimées à 1.225.957 soit 9,49% de la population analysée, a-t-il rapporté. Il y a eu 41 communes en phase 2 dite phase sous pression. Il s’agit des communes du sud caractérisées par une consommation alimentaire limitée en lien avec la hausse générale des prix des produits agricoles et l’installation de la soudure dans la partie sud du pays. Puis 23 communes en phase 1. Ce sont les communes où plus de 80% des ménages n’ont pas eu recours à des stratégies d’adaptation pour assurer leur consommation alimentaire. Selon les projections sur la période juin-août 2022, 830.150 personnes seront en phase de crise à pire et 2.318.231 dans la phase sous pression. Ces dernières ont besoin d’actions de renforcement de leurs moyens d’existence afin de ne pas basculer en phase crise. A l’entame de ce webinaire, le président du réseau Remapsen, Bamba Youssouf, est revenu sur les objectifs de l’organisation qui réunit une dizaine de pays d’Afrique. Pour la coordonnatrice du Remapsen-Bénin, le programme 2030 des Nations-Unies a mis au cœur de sa stratégie de développement durable, l’élimination de la faim et recommande à travers l’Objectif de développement durable (Odd) 2, l’assurance de la sécurité alimentaire pour tous, l’amélioration de la nutrition et également la protection d’une agriculture durable. A ses dires, l’Afrique est face à de nombreux problèmes pour satisfaire sa population sur le plan alimentaire et nutritionnel. Cette situation alarmante interpelle toutes les composantes de la société africaine. Ce webinaire est la contribution du Remapsen-Bénin pour un éveil de conscience. Mentionnons que le prochain webinaire sera organisé par la Mauritanie en juillet prochain.
Victorin Fassinou